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 Je me souviens encore de notre première campagne de publicité. « Pour vous satisfaire, Robert roule à tombeaux ouverts ». C’était il y a bien longtemps. On voyait l’un de nos camions dépasser tous nos concurrents et les pousser dans le fossé. Notre chauffeur vedette, Alphonse Laquès, faisait régner la terreur sur les routes des Alpes de Haute Provence. On dit qu’il a servi de modèle au célèbre film « Le salaire de la peur ». Une chose est certaine, il nous quittait peu de temps après pour se lancer dans une carrière de coureur automobile où il entra dans la légende en démontant la pédale de frein de son bolide ce qui lui valu une fin tragique au Grand Prix de Montévidelpo. En 1967, les hippies sont arrivés, tout le monde était beau tout le monde était gentil. Nous avons repeint nos camions en vert et bleu et nos chauffeurs ont troqué leurs uniformes austères pour des chemises à fleurs. Une nouvelle génération de conducteurs a diffusé dans la France entière notre nouveau message : « Peace, diesel and love ». Malgré notre slogan « Avec Robert, be sure to wear some flowers in your hair », tout n'était pas rose dans notre équipe. Une rivalité s’est développée entre deux de nos camionneurs. Johnny Sanzyday et Antoine Ravioli prirent l’habitude de s’affronter en chantant sur les ondes de « Route de nuit », la mythique émission de radio pour routiers. Ce duel fratricide leur a finalement réussi puisqu’après avoir raté leur carrière de chanteurs ils ont fait fortune, chacun de son côté, en faisant de la publicité pour des opticiens du troisième âge. Les années soixante-dix furent plus calmes et constructives. Le choc pétrolier de 1973 fut l’occasion d’une opération commerciale qui mit définitivement notre compagnie dans la cour des grands. Notre rival, Chaterton, connaissait des difficultés d’approvisionnement en carburant. Mon père lui proposa donc d’échanger sa flotte de camions contre notre stock d’essence ce qui fit de nous le premier transporteur du pays. L’arrivée des limitations de vitesse nous a obligé à une mutation importante. Désormais notre slogan était : « Les autres vont plus vite mais Robert va plus loin ». C’était l’époque où nous emmenions jusqu’à Marseille les colis qui devaient être livrés à Lyon. L’année 1980 fut celle du lancement du Paris-Madagascar, le premier des rallies-raids mondiaux permettant à de simples particuliers de côtoyer les as du sport automobile dans les immensités de l’Afrique. Du Vélosolex au Monster-Truck, toutes les catégories étaient représentées et Mélanie de Montévidelpo devint l’ambassadrice des transports Doutretombe au volant d’une de nos camionnettes aménagée pour assurer ses soins de maquillage au milieu du désert. A cette occasion la princesse renoua avec Pete Browning , ex-chanteur des Loonie Heads, qui lui montra où était le bouchon du réservoir lors d’une rencontre fortuite devant les caméras de télévision dans une station service. Pour des raisons de sécurité le départ du rallie fut, l’année suivante, donné dans une petite bourgade du Massif Central et des difficultés politiques obligèrent les organisateurs à placer l’arrivée dans le village d’à côté. Aujourd’hui la légende du Paris-Madagascar perdure sur les chemins sauvages du Cantal dans une épreuve qui allie courage et solidarité. |
ROBERT DOUTRETOMBE 60 ans de l'histoire des transports 
1958 
1967 
1976 
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